Panipak Wongpattanakit de Surat Thani (Près de Koh Samui) : Portrait d’une double championne olympique

Panipak Wongpattanakit : L’art de la discipline, le secret d’une championne olympique

Sous la direction de son mentor Chatchai Choi, la reine du taekwondo thaïlandais a écrit l’histoire d’un sport où la maîtrise du corps et de l’esprit fait toute la différence.

Une rencontre qui a tout changé

Elle n’avait que treize ans lorsqu’elle croisa la route du Dr Chatchai Choi, un entraîneur à la rigueur légendaire et à la bienveillance paternelle.

À cette époque, Panipak Wongpattanakit, née en 1997 à Surat Thani, près de Koh Samui, dans le sud de la Thaïlande, n’était encore qu’une adolescente timide rêvant de représenter son pays. Lui, originaire de Corée du Sud, avait déjà un objectif clair : faire de la Thaïlande une puissance du taekwondo.

« Depuis 2002, j’entraîne l’équipe nationale thaïlandaise. Le pays voulait bâtir son identité dans ce sport, et c’est ainsi que j’ai été invité », raconte-t-il.

Deux ans plus tard, la Thaïlande décrochait sa première médaille olympique en taekwondo. Mais c’est bien avec Panipak que l’histoire allait s’accélérer.

L’alchimie d’un duo hors du commun

Entre la combattante et son entraîneur, un lien unique s’est tissé au fil du temps — une relation où la confiance prime sur les mots.

« Après treize ans à ses côtés, je peux savoir comment elle se sent rien qu’en la regardant », confie Choi.

Leur histoire n’a pourtant rien d’un long fleuve tranquille. Lors de leur première rencontre à Bangkok, Panipak avait quitté le camp d’entraînement au bout de deux semaines, submergée par la nostalgie.

« Elle avait du mal à supporter la séparation d’avec sa famille », se souvient-il. « Quand son père l’a ramenée, je lui ai promis que je prendrais soin d’elle comme de ma fille. »

Promesse tenue. Vingt ans plus tard, ce tandem est devenu une légende du sport thaïlandais : deux titres olympiques consécutifs (Tokyo 2020 et Paris 2024) et plusieurs couronnes mondiales.

Une semaine dans la peau d’une championne

Le quotidien de Panipak Wongpattanakit est réglé comme une horloge. Du lundi au samedi, elle s’entraîne avec une trentaine de coéquipiers au centre national de taekwondo :

Le samedi, une séance matinale vient clore la semaine. Le dimanche, enfin, elle s’accorde le seul luxe autorisé : le repos.

En parallèle, elle poursuit un master à l’Université de Bangkok Thonburi. Entre deux cours, elle retourne s’entraîner, toujours avec la même intensité.

« C’est une perfectionniste. Elle se pousse parfois trop, alors je dois la freiner », sourit son entraîneur.

Technique, souplesse et endurance : la triple arme de Panipak

Avec ses 1,73 m et sa silhouette longiligne, Panipak pourrait sembler désavantagée dans la catégorie des -49 kg. Mais le système de notation électronique (PSS) introduit aux Jeux de Londres 2012 a changé la donne.

« Aujourd’hui, la précision et la rapidité priment sur la puissance brute », explique Choi. « C’est là que Panipak excelle. »

Son coup signature, le “Panipak Kick”, aussi appelé Scorpion Kick, en est la meilleure illustration :

« Comme un scorpion qui lève la queue, elle frappe de l’arrière pour toucher le plastron de son adversaire. Peu de combattantes maîtrisent ce geste. »

Chaque jour, l’entraînement inclut une heure entière de travail au ballon pour perfectionner ce mouvement spectaculaire. Mais la clé du succès, selon Choi, reste l’endurance :

« Les tournois se déroulent en une seule journée. Sans résistance physique, même le plus grand talent s’effondre. »

Apprendre à perdre pour mieux régner

À Rio 2016, Panipak découvre la dure loi du sport de haut niveau. Dominatrice tout au long du combat, elle s’incline dans les dernières secondes face à la Sud-Coréenne Kim So-Hui.

« Elle voulait tout arrêter », raconte Choi. « Je lui ai demandé de prendre un mois pour se ressourcer auprès de sa famille. Je savais qu’elle reviendrait. »

Et elle est revenue, plus forte, plus mature, plus consciente de ses émotions.

« Gagner ne suffit pas, il faut aussi savoir encaisser la défaite. C’est dans ces moments qu’on forge un vrai champion. »

L’art du self-control

Au-delà du combat, Panipak Wongpattanakit brille par sa discipline de vie exemplaire : régime strict, sommeil régulier, hygiène irréprochable — rien n’est laissé au hasard.

« Beaucoup d’athlètes se relâchent après les compétitions, mais elle non », affirme Choi.

Lorsqu’il lui demande pourquoi, elle répond simplement :

« Tant que j’ai choisi d’être athlète, je veux contrôler tout ce que je peux. »

Un état d’esprit qui la distingue autant que ses médailles.

TikTok, son jardin secret

Derrière la combattante concentrée se cache une jeune femme souriante et créative. Avec plus de 1,4 million d’abonnés sur TikTok, Panipak partage ses repas, ses routines d’entraînement et son quotidien avec naturel.

« Elle était très réservée autrefois, mais aujourd’hui, elle rayonne », observe son entraîneur. « Ces échanges avec ses fans lui donnent une énergie positive incroyable. »

Leçon de vie d’un duo d’exception

Entre la rigueur du maître et la passion de l’élève, entre le respect et l’affection, le duo Choi–Wongpattanakit symbolise l’essence du sport : la quête d’excellence sans jamais renier son humanité.

Souplesse, endurance, mental d’acier et discipline absolue : la recette de la réussite de Panipak Wongpattanakit ne se limite pas à la technique. C’est une philosophie. Un art de vivre. Et peut-être, la plus belle définition de ce que signifie être une championne.